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Mon dernier post remonte à début mai 2020. On était presque à la fin du premier confinement. Depuis, j’avais déjà perdu 7kg. J’ai continué à perdre du poids, sans comprendre ni pourquoi ni comment. Et puis mi juillet, mon médecin a demandé à me voir en consultation physique. Plus de consultation par téléphone. Je suis arrivée dans son cabinet à l’aide d’un ami parce que j’arrivais à peine à tenir debout. J’étais tout le temps fatiguée. Je me forçais à manger mais rien n’y faisait. Je perdais du poids et de l’énergie. A tel point que j’étais littéralement en train de m’éteindre. Le medecin l’a vu quand elle a ouvert la porte de son cabinet et qu’elle m’a découvert, tenant à peine sur ma chaise. Elle a demandé mon hospitalisation, a passé des coups de fil, a fait des documents, a établi une liste d’examens à faire. Une fois à l’hôpital, on m’a renvoyé chez moi. Sauf que j’étais incapable de rentrer chez moi. Incapable de faire le chemin mais je n’étais même plus capable de monter les escaliers jusque chez moi. J’étais accompagnée et mon ami, choqué, a hurlé à la non assistance à personne en danger. Aucun examen n’a été fait, on m’a dit qu’il était temps d’y aller. Mes amis m’ont hébergé deux jours. Ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour m’aider. De m’emmener dans un laboratoire pour qu’on puisse me faire un prise de sang jusqu’à me porter jusqu’aux toilettes. Mais au bout de deux jours, je n’avais réussi à manger que deux bouchées de brownies et la moitié d’une pomme de terre. Je continuais de maigrir à vue d’oeil, à perdre des forces. Et ce con de corps, alors que je n’avais presque plus de force, se mettait à trembler. Mes muscles étaient contractés, raides, douloureux. Tout ce corps sous tension constante, incapable de se détendre, de se relaxer, d’être endormi. Je me voyais lentement disparaître. Ma peau, mes os. Je ne voyais plus que ça. J’avais mal d’être allongée parce que j’étais allongée sur mes os. J’arrivais à toucher des os que je n’avais jamais pu toucher avant. Je commençais à avoir peur. J’ai dit au médecin que j’étais une battante et que j’allais tout faire pour m’en sortir, même si je ne savais pas ce qu’il faudrait faire mais j’y arriverai. La dernière nuit chez mes amis, j’ai envoyé un message à Chrys, une de mes meilleures amies. Je lui ai dit que si je ne m’en sortais pas, je voulais qu’elle sache que jamais j’ai abandonné, que je me suis battue jusqu’au bout, que je mourrai probablement avec un morceau de gateau dans la bouche, que je l’aimais, que je me battrai jusqu’au bout. Puis le lendemain, mon père est venu me chercher. Les convulsions m’empêchaient de me lever, de marcher, de parler, de manger. J’ai eu quelques moments où mon corps se calmait, ces moments d’espoir où j’ai pu dire à mes amis que je les aimais, que j’étais reconnaissante de les avoir, ces moments de répits qui existaientpour me rappeler que j’allais m’en sortir bordel. Dans la voiture, à côté de mon père, cet être volcanique qui peut entrer en éruption à la moindre contrariété, qui s’était déjà tapé plus de 1000 bornes en bagnole et qui engageait les 400 derniers depuis que j’étais à ses côtés, j’avais peur de pas y arriver. Je devais rester calme mais mes jambes tremblaient. Je voyais que mon père avait mal au dos, aux épaules, aux bras, il s’énervait. Il tentait de rester calme mais je sentais que ça n’allait pas. Mon père, durant ce voyage, n’a pas eu trop envie de parler. Il n’a donc pas fait trop attention que je n’arrivais de toute façon plus à aligner deux mots. Les derniers kilomètres ont été un enfer. Un vrai enfer.

En août, on m’a dit officiellement que j’avais un trouble de la panique. La psychiatre m’a donné des conseils sur ce que je devais faire pour m’en sortir. J’avais déjà tout mis en place. Les médicaments (les bons cette fois-ci), la thérapie, la méditation pleine conscience, être entourée,… Oui, tout ça, je l’avais mis en place avant qu’elle m’en parle. Elle m’a dit qu’il me faudrait surement 6 mois de traitement mais que ça irait parce que, comme tout le monde me l’a dit, j’avais les bons mécanismes, les bons réflexes, les bonnes ressources internes, blablabla. Dans quelques jours, ça fera 6 mois. Mais la crise du covid n’est pas finie. La crise du covid n’est pas finie mais j’ai repris tous mes kilos, même un peu plus. Je n’ai jamais pesé autant. Je découvre des formes que je n’avais jamais eues et je ne me fais plus peur. Je me plais. J’aime sentir ses formes, ses fesses, ses cuisses. Plus, ça serait peut-être trop mais comme je suis, je me sens bien. J’ai encore parfois quelques crises mais mon corps me prévient suffisamment avant qu’il va péter un câble pour que je puisse prendre un cachet pour le calmer. Et ma vie continue. Elle n’est pas encore tout à fait normale mais elle ne l’est pour personne.

Le burn-out personnel, ma séparation, voir partir un collègue et ami, un second burn-out professionnel, la perte de mon messie, la perte d’un collègue, la peur de perdre mes amis, le confinement, la peur de perdre mes chats, la peur de tomber encore une fois dans les escaliers, habiter loin de ma famille et réaliser que s’il m’arrive quelque chose, ils sont vraiment tous très loin,… ça a été de trop. Tout ça ? En si peu de temps ? Je pensais que j’y arriverai mais mon corps a juste pas voulu. Bah quoi, un trouble à la con, c’est juste la framboise sur le gâteau. Et qu’est-ce que j’en fais des gâteaux moi ? Hein ? JE LES BOUFFE !

Non mais.

Written on December 21, 2020