D’un simple regard

humeur

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Tout passe trop vite. On n’a pas le temps de se noyer dans l’instant présent qu’il est déjà trop tard. A chaque fois c’est comme ça. On s’approche, on s’apprivoise, on se frôle et c’en est fini de nous.

Je déteste t’aimer mais j’aime tant te détester.

L’inconnue du métro. Chaque jour, je la côtoie. Chaque jour, elle ne me voit pas. Elle entre dans la rame, regarde vaguement où se mettre, toujours pourtant à la même place. Elle reste les yeux fixés sur son téléphone.

L’inconnu du métro. Chaque jour, je le côtoie. Chaque jour, il ne me remarque pas. Il est déjà dans la rame quand je cherche un endroit où me placer pour n’être ni trop proche, ni trop loin de lui.

L’inconnue du métro. Celle qui sourit à m’en fendre le cœur ou qui reste de glace, de marbre, ou qui parfois se laisse aller à l’agacement et à un début de colère. Pourquoi réagit-elle comme ça ?

L’inconnu du métro. Celui pour qui je force mes émotions. Je veux qu’il ait envie d’apprécier ma compagnie, mais qu’il sache que je ne suis pas une godiche. Mais pourquoi je fais ça ?

L’inconnue du métro. Celle qui ne monte plus seule depuis quelques jours. Celle qui est accompagnée les quelques fois où elle prend le métro en même temps que moi. Est-ce que j’aurais pas du aller la voir avant ?

L’inconnu du métro. Qui n’est pas celui avec qui je passe mes soirées et mes nuits. Avancer vers un autre chemin. Il ne m’a jamais regardé. C’est encore lui qui occupe mes pensées. Pourquoi ?

Elle a un nom cette fois. Je me suis dit pourquoi pas. Elle m’a dit « finalement ! », puis « c’est trop tard » et enfin « tout du moins, c’est à toi de voir ». J’adore ne pas la comprendre.

Il a un nom. Il a osé. Je lui donne une suite, une chance, un espoir d’un nous. La confusion s’installe mais on verra plus tard.

Mon autre n’a plus le sien. Nous sommes enfin à deux. Seuls dans cette rame de métro. Ensemble.

Tous les jours inséparables, il m’accompagne tous les jours et toutes les nuits. J’ai parfois l’impression qu’on n’existe plus que pour l’autre.

… et au début c’était rassurant et confortable. Aujourd’hui, sans elle, je respire.

Je ne comprends pas pourquoi il m’échappe. Ce que j’ai fait ou n’ai pas fait pour le retenir.

Le présent s’est installé trop durablement. C’était à vivre. Je veux que ça finisse. Je la connais trop bien. Je ne vibre plus de la voir. Je veux changer de rame de métro, ne plus la voir, ne pas qu’elle s’installe dans ma nostalgie.

La poursuite était longue, il n’a jamais cédé, même aux menaces, même aux chantages, même aux ultimatums. Je ne comprends plus rien.

Elle ne lâchera rien. Jamais. Je désespère de retrouver la paix. C’est elle ou moi.

C’est douloureux et atroce. Je le hais tellement de toujours l’aimer malgré tout. Mais j’aime tant ressentir ça. Cette chose qui me dévore tout doucement à l’intérieur. Je ne veux pas qu’elle s’apaise. J’aimerais qu’elle me consume. Avec lui également. Ensemble. Liés l’un à l’autre. Dans le noir du chaos. Avec l’odeur de l’underground. Je déteste l’aimer mais j’aime le haïr encore plus. Au moins jusqu’à ce que la prochaine rame nous éclate.

Written on July 21, 2017