It's not about being the best. It's just about being happy.

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Il y a quelques années, avant qu’on entende parler à tout va des « hipsters », il y avait déjà cette mode du mépris. « Tu connais ce groupe que depuis leur troisième album, mon dieu, t’es trop nul ! », « Je portais ce pull avant qu’il ne soit à la mode », « c’est ringard d’aimer ça ». C’était usant de les voir s’agiter pour savoir qui d’entre eux était le plus méprisant, parfois même le plus haineux. A quoi bon passer son temps à se féliciter d’avoir été le premier à aimer un truc ? A quoi bon tenter de rabaisser les autres parce qu’ils ont des goûts différents des siens, ou même parce qu’ils vivent leur vie différemment ?

Hier, on méprisait les fans de Nickelback ou de Tokio Hotel. Aujourd’hui, on méprise les gens qui préfèrent jouer aux jeux vidéo sur console ou sur PC (choisis un camp camarade, et crache sur l’autre, c’est ça le principe). Demain, ils se complairont tous dans la sottise d’être les meilleurs, oubliant que le voisin d’à côté, s’il n’est pas le meilleur dans un domaine, a quand même quelque chose à apporter.

A l’époque antérieure à la mode des hipsters, j’avais fondé un mouvement de quelques personnes, une dizaine à peine, de gens qui avaient pour principe de n’avoir honte de rien. Ensemble, on soulevait au plus haut l’étendard de nos goûts les plus douteux, nous remémorant les moments où on dansait sur les Musclés, où on regardait Mookie en K7 vidéo, où on était moqué par nos camarades de classe parce qu’on se sapait mal. Je chantais du Zanger Rinus, tentait d’expliquer pourquoi ce Néerlandais me touchait, par sa joie, sa bonne humeur et la sincérité qu’il mettait dans son chant. Je m’habillais toujours aussi mal que lorsque j’avais 9 ans (ah les années 90) mais j’en avais rien à foutre et j’en ai toujours rien à foutre.

Je me fiche d’être la meilleure dans un domaine. Je n’aime pas spécialement lire, j’aime trouver des qualités à un film de merde et m’émerveiller devant un film mal fait. J’aime me perdre dans une musique cucul la praline, m’abandonner au rythme d’une chanson que tout le monde ignore. Je ne suis pas belle, je suis pas intelligente, je rigole trop fort, ça pue quand je pète, j’ai des TOC, mon accent chiassieux en anglais ne m’empêche pas de parler la langue quand j’en ai l’occasion et je ne m’épile pas (assez souvent) les jambes. Je n’essaie pas de cacher ce que les autres considèrent être des faiblesses, je les assume, je ne les revendique pas spécialement, elles font juste parties de moi.

Et en fait, ça me fait chier, aujourd’hui, de ressentir le besoin de parler des gens qui m’entourent et qui ne font que critiquer, rabaisser, se masturber sur la honte (ou ce qu’ils estiment devrait être facteur de honte) de leur voisin. Parce que je m’abaisse, moi aussi, à les critiquer. Parce qu’en mon for intérieur, je ne peux pas m’empêcher d’avoir l’attitude hautaine d’espérer qu’un jour, ils cesseront de troller leur entourage et qu’ils se mettront à aimer, à apprécier, à vivre simplement pour eux-mêmes et pas pour faire chier le monde.

C’est terriblement présomptueux d’espérer que les gens changent, qu’ils se tournent vers un respect auquel j’aspire. Presque autant que de trouver triste les gens qui se définissent par rapport à la grosseur de leur compte en banque et qui renient famille et ami si cela leur permet de davantage prospérer. Qui suis-je pour les juger ? Une merdeuse pour certains, une vieille conne pour d’autres. Hourra, je suis une connasse comme les autres. En tous cas, je n’espère pas changer tout le monde, ni le monde tout court, j’aimerai juste que mes proches se rendent compte, parfois, qu’ils gaspillent leur énergie et leur temps dans des discussions stériles, inutiles, qui en plus, ont le tort de blesser les gens.

A quoi bon s’auto congratuler au mépris des autres ? A quoi bon ressentir la satisfaction d’être meilleur que son voisin si c’est en faisant tout pour qu’il se sente mal ? A quoi bon se convaincre qu’on a raison quand tout le monde se rend compte des torts portés ?

_config.yml Ce jeune homme des One Direction parle comme un druide.

D’ailleurs, pour revenir aux hipsters, ce qui m’a toujours fasciné, c’est que la plupart des gens qui crachent sur les hipsters le sont un peu eux-mêmes. Et ce qui me fascine encore plus, c’est que malgré eux, les hipsters à grosses barbes, ceux qui portent des vêtement de femme, ceux qui se tatouent des trucs sans grande signification, juste pour le plaisir d’avoir un truc encré dans leur peau, ont probablement démocratisé la mode de s’habiller comme on veut.

Réfléchissez un moment… Avant, porter une longue barbe, ça faisait soit « bucheron », soit ça faisait « crade » (ou ça faisait « bucheron crade »). Désormais, un trentenaire qui affiche une barbe de 2 ans peut parfaitement intégrer une société en qualité de conseiller commercial, être en contact avec les clients sans avoir peur qu’un employeur le renvoie au Pôle Emploi sous prétexte qu’il ressemble à un metalleux (= envoyé de Satan). A l’image de Mugatu qui s’était inspiré des looks de SDF pour créer un défilé (dans le génial Zoolander), les hipsters n’hésitent pas à copier (en vrai, et pas dans les films) des looks suspects. Au profit de qui ? De nous. Oui, nous, les gens qui n’en avons rien à foutre de nous habiller classe, pour paraître riches ou à la mode. La démocratisation des modes curieuses des hipsters me permet d’assortir mon sarouel préféré à mon pull de mémé quand j’ai froid l’hiver. Mon patron ne me regarde pas de travers, il pense peut-être que je suis une hipster. Peut-être que j’en suis une. Peut-être même qu’au fond, les hipsters ne calculent pas leur manière de s’habiller, peut-être qu’ils s’en foutent ou qu’ils s’habillent n’importe comment pour faire chier les rageux qui kiffent la Fashion Week (un peu comme Kurt Cobain qui n’a pas inventé le look Grunge, qui n’en avait juste rien à branler des fringues qu’il portait). Les réponses à ses questions, au final, on s’en fout. Le plus important, en vérité, c’est pas d’être le meilleur, d’être le mieux habillé, d’être le plus savant, d’avoir le plus de fric, d’avoir la plus grosse (ou même d’être celui qui en a le plus rien à foutre de tout). Putain, le plus important, c’est quand même d’être heureux et d’espérer que son entourage l’est aussi.

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Je vois mes camarades twittos rouspéter en rigolant (oui, en « rigolant » qu’ils disent toutes les semaines, à croire qu’ils tentent de s’en convaincre) que tout le monde se plaint sur Twitter, que tout le monde se masturbe sur Twitter, que personne ne raconte de trucs intéressants. Un peu comme les gens se plaignaient de Facebook, et avant de la télévision,… Twitter n’est pas un lieu exceptionnel où les gens se plaignent. Twitter, c’est simplement un rassemblement de gens et forcément, quand les gens se mettent en groupe, ils discutent, ils baisent, ils se plaignent. Bienvenue sur Internet dans le monde merveilleux des Hommes. Rien de nouveau, que du normal. Mais là encore, ils sont beaucoup trop occupés à se congratuler qu’ils sont sur un medium novateur pour se rendre compte que n’est nouveau que le contexte sur lequel ils évoluent. Ce n’est pas l’école ou la fac, ce n’est pas la cour de l’école ou la pause à la machine à café, c’est un autre contexte social, avec moins de caractère et moins de violence physique. Pour ce qui est de la violence morale en revanche,…

Tout ça pour dire que lorsque TF1 ne vous plaisait pas, vous aviez la possibilité de zapper, avec Internet, c’est pareil. Cessez de vous plaindre de vos amis Facebook ou Twitter, changez de chaînes, virez les parasites. S’ils sont vos amis, de vrais amis, ils n’auront pas besoin de la satisfaction que vous les suivez pour que votre amitié perdure. (D’ailleurs, comme je ne suis pas une grande adepte du « fais ce que je dis, pas ce que je fais », le ménage dans mes contacts est en cours)

Le bonheur, ça commence souvent par des trucs simples. Prendre le temps le matin de faire caca sans se presser, écouter un morceau de musique qui vous plaît, regarder un épisode d’une série qui vous fait rire, regarder votre animal de compagnie dans les yeux, frôler la main de votre amant dans la rue, manger un truc super bon… Sur Twitter, ça peut commencer par suivre des comptes de gens positifs (@AndrewWK, son attitude positive, ses conseils hebdomadaires pour avancer malgré les plus dures épreuves), des gens qui tentent d’aider leur prochain (@IamLilBub avec ses vidéos hebdomadaires et sa levée de fonds pour aider les animaux), de gens qui postent des trucs rigolos (@Minuitlechat et ses jeux de mots ramoutchos), des comptes qui montrent quotidiennement que la Terre est un endroit magnifique (@SciencePorn, @LIFE),… Le bonheur en 140 caractères, c’est pas ça qui manque sur Twitter. C’est pas ça qui manque non plus sur Facebook. Ni dans les infos. Suffit juste de prendre le temps de le trouver ou de le partager.

BONUS : http://thenicestplaceontheinter.net/

Written on July 12, 2014