Mother

humeur

Elle se levait ce matin, le sourire aux lèvres. Elle était heureuse parce qu’elle remontait à loin la dernière visite de ses garçons. Et ils venaient lui rendre visite tout à l’heure. Elle était si fière de les avoir portés tous les deux en elle. Hadrien et Alexandre. Après s’être habillée, elle descendait à la cuisine pour préparer des cookies pour ses deux petits monstres. Elle les aimait tant. Durant plus d’une heure, elle mettait toute son âme à préparer ces biscuits. Vers 11h, ils débarquaient chez elle. Ils étaient en sueur. Elle les accueillait néanmoins avec un sourire que rien n’aurait pu effacer. Ils déposaient leurs sacs sur le plancher. Elle était fière, si fière ! Elle les prit dans ses bras, ses jumeaux si beaux et si intelligents… Puis ils s’animèrent autour d’elle : ranger ce sac, enterrer celui-ci, mettre celui-là au grenier. Elle retournait dans la cuisine, arrangea un plat, le décorait d’une fleur. Ca sentait l’orange. Alex adore ça. Elle déposa le plat dans le salon, sur la table qu’elle avait décorée la veille comme dans ce catalogue qu’elle reçoit par la poste… Elle les regardait par la fenêtre jouant avec les pelles de son défunt époux… Comblée. Lorsqu’ils eurent fini, ils revinrent dans la maison. Elle les pria de s’asseoir. Elle leur servit un verre de lait à chacun. Ils la regardaient avec tristesse.

« – Maman, on est désolé d’avoir tout salopé. – Oui, on aurait voulu que ça se passe autrement.

– Mes enfants. Il n’y a pas mère plus fière de ses enfants. Il n’y pas mère plus comblée d’avoir des fils aussi parfaits que vous. »

Ils se regardèrent l’un l’autre, étonnés par un tel discours.

– Il suffit juste que vous ne vous fassiez pas prendre…

De plus en plus surpris, ils l’écoutèrent.

– Mais je vous fais confiance, c’est un truc de famille.

Et elle sourit. Dévoilant une face cachée de son âme qu’ils n’avaient jamais soupçonnée.

-Mangez mes enfants.

Ils obéirent et disparurent quelques heures plus tard. Elle était fière d’eux. Elle aimait leur art. Elle se sentait accomplie d’avoir donner naissance à deux créatures si parfaites. Jamais elle n’avait imaginé pouvoir créer ça. Elle admirait leur manière de remodeler la matière. C’était son péché mignon. Les regarder faire. Leur seule et unique admiratrice. Le père n’avait pas compris. C’est pourtant avec regret qu’elle dut se séparer d’eux. « Ne pas se faire prendre » était la seule règle avec laquelle il n’y avait pas de discussion possible. Et cette fois, Alexandre avait raison, ils avaient tout salopé. Ne pas se faire prendre, c’est aussi faire des sacrifices terribles.

Written on June 27, 2006