Impératrice rouge

humeur

red

9 septembre : J’ai suivi cette femme que j’ai vu dans le café la semaine dernière. Elle est revenue comme tous les soirs depuis lors. Elle est toujours habillée de la même manière. On croirait à une entité magique. Il y a quelque chose d’étrange chez cette femme. Elle dégage un parfum de mystère démoniaque. Elle est brune. Elle a les cheveux longs. Elle a le teint extrêmement pâle. Elle a les yeux presque bridé la nuit. Le jour par contre, elle ressemble à une européenne. Elle a des yeux d’un noir presque monstrueux. Elle a des lèvres si pulpeuses que ça attirerait n’importe quel homme normalement constitué. Elle y dépose toujours un rouge à lèvre très rouge. Incroyablement rouge. Elle porte une jupe noire. Des collants noirs. Des bottines rouges. Et elle a un manteau rouge. Avec une capuche. Je l’imagine petit chaperon rouge et moi grand méchant loup lui courant après. Je l’imagine dans ma voiture, à l’arrière, allongée. Je l’imagine étendue dans les bois avec moi à l’intérieur de son corps. Aujourd’hui, je l’ai abordé. C’est pour ça que je note enfin sa description dans ce journal. J’ai été lui parler. Lui demander ce qu’elle faisait dans la vie. Des trucs bateau. Elle a répondu avec une telle froideur. C’est bizarre de dire ça mais elle avait quelque chose de naïf mais de dangereux dans le regard. Comme si elle était un appât. Mon dieu, j’aimerai être le poisson qui l’avalera.

10 septembre : Elle était encore là. Elle a accepté de prendre un café avec moi sous la forme d’un vrai rendez-vous. J’étais très excité. J’ai attendu longtemps. J’avais hâte de pouvoir écrire ça. On a discuté longtemps. Elle était immobile. Et parfois, je n’ai pas compris, mais elle riait. Je me suis senti comme une de mes victimes. Et bizarrement, je pensais que si ça devait m’arriver, ça m’énerverait mais au contraire, elle, elle m’intrigue. J’aimerai l’amener dans mon refuge. Non, en fait, j’aimerai voir à quoi ressemble son refuge. J’aimerai voir où elle vit. J’aimerai voir sa chambre. Je l’imagine aussi dégueulasse que moi. Avec des chaînes au lit, des menottes dans les tiroirs. J’aimerai qu’elle ait du poison dans sa cuisine. J’aimerai que sa chambre soit rouge, noire et blanche, comme des vêtements. J’aimerai qu’elle soit une impératrice glaciale mais pas frigide. J’aimerai qu’elle devienne ma complice. Elle et moi dans une grande ferme qu’on retaperait ensemble, où on amènerait nos jeux, où on se filmerait, où on baiserait comme des dieux. J’ai rendez-vous demain.

11 septembre : Je suis chez elle. Elle m’a montré une pièce où elle dit enfermer des gens. C’est jouissif. Putain elle est parfaite. C’est une créature parfaite ! Mon impératrice rouge. Elle veut que je reste chez elle. Il est 23h et je vais dormir dans sa cave. Elle ne m’a pas enfermée. Elle voulait juste que je la teste. Elle vient d’installer des dispositifs de torture dans l’arrière salle de cette cave mais c’est fermé à clef. Elle me montrera demain. J’ai hâte. Elle m’a dit qu’elle m’attendait. J’aime cette idée que nous étions destiné à nous rencontrer. Comme des âmes soeurs. J’aimerai qu’elle me dise de m’installer chez elle. Je pense que c’est faisable, elle m’a dit avoir eu comme un coup de foudre pour moi. C’est dingue mais j’adore ça. Cette fille est encore plus dérangée que moi. Elle se couche avec son maquillage. Son pyjama est rouge sang, comme si elle l’avait teint avec du vrai. Elle aime aussi l’idée que j’écrive tout dans ce carnet. Elle est parfaite.

12 septembre : Elle est formidable. Je suis en train d’écrire ces lignes pendant qu’elle me torture. Elle veut que je note tout. Elle commence par m’arracher les tétons. Elle a une pince, une longue pince qui me fait mal. C’est énorme. Je ne sais même pas comment elle s’appelle ! Elle a un fer pour marquer le bétail. J’aimerai qu’elle s’en serve sur moi. J’ai déjà marqué mes petites filles mais je n’ai jamais été traité comme ça. Là, elle me fouette avec un fouet. C’est pour ça que j’ai une écriture quasiment illisible. Il faudra que je garde la page d’à côté pour réécrire ce que je note. Putain de merde, ça fait mal ! J’adore ça. Elle m’a attaché les pieds. Elle ne peut pas lier mes mains. Je dois écrire et tenir mon carnet. Elle m’a installé à une table. J’écris dessus. Elle me scarifie le dos. Elle dessine sur ma peau. Ce sont sûrement des dessins mystiques, comme ceux affichés dans sa chambre. Elle me découpe des bouts de peau. Elle les met dans l’assiette qu’il y a sur la table en face de moi. c’est génial cette couleur ! Elle les prend en photo dans l’assiette. Au fur et à mesure qu’elle me les arrache. Elle fait ça avec un professionnalisme. Elle n’a aucune expression sur le visage. Comme si elle exécutait telle une poupée le scénario qu’un esprit aurait écrit pour elle. Je suis fascinée. Elle m’a mis debout. Il y a une table suffisamment haute pour que je continue à écrire. Elle a pensé à tout. J’ai les pieds en sang. Elle m’a arraché les ongles des orteils. Elle les a fait brûler dans un verre. Le bruit… Ca crépitait. C’était rigolo. Oui, rigolo était le mot. Ca crépitait et c’était rigolo. Le verre a explosé sous l’effet de la chaleur. Elle est en train de m’ouvrir les testicules. Elle voudrait voir l’intérieur. Elle coupe et photographie. Je lui ai dit que la douleur commençait à m’empêcher d’écrire mais elle avait de l’héroïne. Elle avait pensé à tout. Désormais, ça va mieux. J’adore ce qu’elle fait. C’est une artiste. Elle a enlevé ce qu’il y avait dedans et a mis le contenu dans un bol. Elle a tout posé sur la table. Je suis nu. Et je me sens bien. Ma langue se trouve désormais dans l’assiette avec les morceaux de mon dos. Elle a pris son temps. Elle avait anesthésié localement pour que je ne m’évanouisse pas. Ca fait très bizarre de ne plus bouger la langue. Je la sens encore mais comme si elle était engourdie. Pourtant, elle est à quelques mètres de moi. Je trouve ça beaucoup plus beau dans une bouche que dans une assiette. J’essaie de ne pas penser que c’est la mienne, sinon j’aurai honte d’avoir une langue qui ressemble à celle d’un veau. Il fallait qu’elle essaie cet objet. C’est délicat à décrire. C’est comme un bâton avec des pics qui sont orientés dans un sens, de manière à ce que lorsqu’elle me l’enfoncera , si on tente de le sortir, ça m’arrachera l’intérieur. Ce bâton est petit mais les pointes ont l’air douloureuses. Nous allons de plus en plus loin. Ca y est, c’est dedans. Elle veut m’ouvrir la poitrine pour récupérer des organes. Voir quand je peux y laisser la vie. Cette fille est tout bonnement incroyable. C’est une déesse. Elle m’ouvre avec un scalpel. Je suis anesthésié, toujours et elle m’a encore injectée une dose de je ne sais pas trop quoi. Elle semble savoir ce qu’elle fait. C’est dingue, elle est vraiment douée ! J’écris de plus en plus mal. Je ne vois pas ce que j’écris. Oh mon dieu, je vois mon

Written on September 12, 2006