Encre

humeur

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Je me drogue à la musique. Les vertiges, les frissons, les sentiments que ça procure, indescriptibles, plus intenses que ce que je vis au quotidien. La fuite de la routine, de ce qui me gonfle, me stresse, m’ennuie, me blesse, elle se trouve dans des notes composées avec passion.

J’en ai écrit des trucs quand j’étais jeune, sous l’impulsion d’un bruit, d’une voix, d’une corde qui lâche. Des aventures, des extases et même souvent des meurtres que je ne regrette pas. Tout est factice, tout n’existe que dans ma tête et pourtant ma peau se souvient du poisseux de certaines nuits. Mon corps est fatigué d’avoir poursuivi des ombres. J’ai la nausée d’avoir sauté dans le vide. La chair déchiquetée n’existe pas. Pas encore. Les sursauts du laisser-aller ultime, le dernier souffle, la vision qui se trouble, j’attends les moments de solitude avec impatience. J’enfile mon casque, je couvre mes yeux, le noir s’impose, la réalité s’estompe, mes sens explosent.

Je danse avec des inconnus, je suis un homme, je suis une femme. Je suis vieux, adulte ou à peine majeur. Je suis grand, je suis petite. Je suis fragile, je suis perfide. Je suis naïve, je suis calculateur. Je m’appelle Hadrien, Alexandre et Sarah. Je n’existe que lorsque le monde se tait.

D’un morceau à un autre, je trompe, je galope, je fuis, je danse, je ris. Je suis tout sauf ce que je suis tous les jours. Je pisse debout, je mange n’importe quoi, je crache à la gueule de grands baraqués. Je m’en fous, je les baise, je les exécute, je les dévore. Ils sont tous à moi. A nous.

Je ne parle pas, je nage, je me noie. Je coule, les yeux me brûlent, je vois trouble, je sens la force des vagues, le contact des algues et des autres saloperies qui frôlent mon corps, je me retiens de respirer mais je m’évanouis. C’est là que je m’endors. Paisiblement. Après avoir traversé des frontières, connu les gourmandises les plus défendues, gagné toutes les batailles, surtout celles où je perds.

Les morceaux les plus jouissifs sont ceux qui ont été accouchés d’esprits tourmentés. C’est la meilleure bouchée, la meilleure injection, le meilleur goût qui soit. Plus c’est sale et dégueulasse, plus c’est trash et mouvementé, meilleur c’est. On vient tous ensemble, unique et multiples, dans un chaos assourdissant.

Written on July 3, 2017